Dusk & Blackdown
Keysound
Discogs
Pour cette deuxième rétrospective, le label Keysound sera à l’honneur.
Le label voit officiellement le jour en 2005 sous l’impulsion de Dusk (Dan Frampton) et de Blackdown (Martin Clark), deux immenses diggers et geeks férus de musique. (Nous ne pouvons d’ailleurs que vous conseiller de fouiller le blog de Blackdown, actif depuis 2004 et qui reste une mine d’or de ressources et d’informations sur le genre.) Les deux compères se rencontrent dans une boîte de nuit où Dan mixait un soir. Les deux sympathisent très rapidement autour d’un morceau de Stevie Wonder, « Superstition » joué par Dan.
Dan : « J’ai rencontré Martin dans une boite où on a commencé à discuter autour d’un morceau de Stevie Wonder. Je me suis dit : ‘ Si il connait cet album et qu’il le joue, ce doit être un mec bien !’
Martin […] de son côté : » Si il ne vient pas me demander de jouer quelque chose d’autre alors ce doit être un mec réglo. »
Source: interview BigUpMag16
Dusk et Blackdown font partis du noyau dur de la dubstep originelle, notamment de l’époque FWD>>. (ndlr: nom des premières soirées « dubstep » en Angleterre au début des années 2000) Époque qu’ils ont connu et à laquelle ils ont participé. Au passage il est intéressant de rappeller que l’appellation « FWD » (Forward ou « Futur ») est apparue deux, trois ans après le début de ce type de soirée. À l’origine, ils n’étaient qu’une quarantaine dans une petite salle à partager la même passion pour le garage abrasif et le côté sombre de la jungle tous les deux mois. C’est avec le temps que ce type de soirées commença à évoluer, pour finalement devenir une véritable famille où les gens mixaient les morceaux des mêmes personnes présentes dans la salle. La seule clé pour rejoindre cette petite communauté était la contribution et l’entraide. Tu veux faire partie de la communauté ? Alors commence à produire et à mixer. C’est de cette manière que tous ont commencé, Skream, Hatcha, Youngsta, Kode9… Du moins, tous ceux de cette ère post-Garage début des années 2000. Car oui, le ‘step’ du terme dubstep ne vient pas de nulle part, mais bien du 2-Step, sous-genre tirant son nom de la rythmique d’une certaine friche du garage anglais.
Les deux compères ne manquent aucun rendez-vous du Plastic People (ndlr: célèbre club accueillant les premières soirées dubstep) et ce, depuis 2001. C’est finalement en 2007 qu’ils mixent pour la première fois dans une soirée FWD>>. Après avoir passé les deux dernières années à produire leur album (non sorti à l’époque), il est également intéressant de préciser que lors de ce set, Dusk & Blackdown furent les premiers à dropper le « Archangel » de Burial, le seul morceau de leur set qui ne fut pas produit par eux.
Cette famille partageait les mêmes valeurs musicales pour le garage et le côté sauvage de la jungle, qui sont les pierres de l’édifice des basses fréquences. Ce sont ces mêmes valeurs qui composent le son de Keysound. Valeurs que les deux compères n’ont cessé de triturer, d’améliorer, de personnaliser et de faire évoluer pour réellement devenir leur signature. Les débuts sont purement Do It Yourself et underground, les deux amis se lancent dans la création du label pour une raison simple : personne ne veut sortir leur musique. Ils profitent de l’entraide de la communauté rwd>> à leurs tout débuts. Loefah s’occupe du logo, Mala de la distribution et Pinch met également la main à la patte pendant que Kode9 passe des heures au téléphone avec Martin pour bien les aider à tout mettre en place. Rappelons que ce sont ces mêmes personnes présentes au début de FWD>>, autrement dit des amis.

« Le Brostep et la destruction du dubstep ont été des obstacles très embêtants pour nous. Ce style de musique est quelque chose de très importants à nos yeux, quelque chose dont nous nous soucions réellement, voir tout ça s’écrouler est toujours difficile. Nous avons décidé de réagir positivement à ce phénomène en construisant quelque chose de différent et en nous promettant de continuer sans jamais abandonner. Il suffit de s’éloigner de la forêt qui brûle, de la regarder se détruire jusqu’au bout pour la replanter. »
Les artistes signés sur Keysound opèrent tous dans la même direction : celle de se ré-approprier les sonorités du garage anglais, grime, jungle, hip-hop, dubstep ou reggae. S’il ne devait y avoir qu’un point commun entre toutes les sorties du label, ce serait l’univers propre à chaque artiste très mis en avant, donnant à chacun sa propre personnalité, très texturée et distincte mais toujours en gardant les mêmes influences et valeurs musicales. C’est ainsi cette connexion d’influences entre tous les artistes du label qui rend Keysound si unique. Wen aime la grime, Logos aime la grime, Grimino fait de la grime, Dusk et Blackdown adorent la grime… Les productions grime de Wen sont influencées par le 2-step, mais prenez Amen Ra qui ne fait pas de grime, ses beats sont aussi influencés par le 2step. Sully fait un blocage sur la jungle tout comme Double Helix, mais il garde une profonde influence du garage dans sa production. C’est réellement tout ce jeu d’interconnexions musciales au sein du label qui fait sa force. C’est également cette dévotion profonde pour l’époque FWD qui anime l’esprit Keysound depuis si longtemps : Croiser des ponts entre les styles, voir si ça marche et surtout ne pas savoir comment étiqueter le résultat.