C’est sans aucun ménagement que je mets les pieds dans le plat.
Personne ne sera épargné : de l’aficionado-collant-au-consensus à l’inculte -commettant- l’impardonnable en passant par ceux qui ne savent pas trop où ils se situent.
Par « LE ou LA » je n’évoque bien sur pas « réglisse », ni « silicone », encore moins « wifi » et surtout pas « MDMA ». Dub sera au centre de ce dossier qui vient ici clarifier certains points, mais aussi instruire, distraire ou détruire. Pour n’inciter personne dans cet article, je parlerai de ‘Dub’ comme d’un ‘Homme’ avec un grand ‘H’. Dub peut être le nom de votre meilleur pote ou de votre petite amie. Dub à une histoire, une origine, un esprit et une philosophie. Mais, à l’heure où l’on admet que des hommes naissent dans des corps de femmes et vice versa, Dub à t’il/elle un genre bien défini ?
I – L’histoire de Dub
Dub voit le jour aux alentours de 1967 en Jamaïque, il est vraisemblablement le fruit d’un accident … Rudy Redwood du sound-system ‘Supreme Ruler of Sound’, diffusa dans un dance-hall une version sans vocal d’un titre des Paragons, parus sur le label ‘Treasure Island’. Le responsable de cette galette piégée n’est autre que King Tubby. L’engouement étant au rendez-vous, dès 1971 on se met à presser sur les face B, des versions instrumentales agrémentées de beaucoup d’effets, orientant l’attention des auditeurs sur l’inséparable couple batterie/basse. À l’aube des années 80, Dub et Reggae inondent le paysage audio mondial. En bon franchouillard, je ne peux m’empêcher de rappeler la reprise polémique de la marseillaise par Serge Gainsbourg en reggae, dubbée par la suite. Mais revenons à nos moutons et à leur dreadlocks. C’est quoi Dub
II – Agent Dub
Les origines du termes dub restent floues. Celle que je retiens de mes recherches, qui fait selon moi le plus sens, est celle de la contraction de « double ». C’est la version qui vient après la version originelle. D’autres explications sont énoncées par Wikipedia et autre, autour des termes « dubbing », procédé consistant à transférer un format d’un support sur un autre, ou encore « dubplate », disque acétate produit avant le pressage final en vinyle. J’imagine que définir l’origine de Dub revient à devoir décider qui, de l’œuf ou la poule, était là le premier…
III – « LE » ?
Maintenant que les bases sont posées, que tout le monde est bien installé, on peut mettre les mains dans le cambouis. Premièrement allons voir du côté des « autorités compétentes en matière de savoir ».
Wikipedia :
-Ave, Wikipedia, sage parmi les sages, qu’as tu à m’apprendre sur Dub ?
-La même chose que tu a dis quelques lignes plus haut.
-Oui mais LE ou LA ?
-LE !
Très bien, mais mes professeurs m’ont toujours conseiller de me méfier de Wikipedia ! Voyons voir du côté des dictionnaires francophones en ligne…
Larousse :
nom masculin (anglais to dub, doubler un film)
| « Style de reggae entièrement basé sur les truquages électroniques et les effets de chambre d’écho. »
Attend …. t’as dit que Dub c’est un trucage ? Mais pour qui tu te prend Larousse ! Jamais je ne donnerais de crédit à quelqu’un qui se permet de fustiger de la sorte ce genre si cher à mes oreilles, suivant !
L’internaute :
dub , nom masculin
| » Le dub est proche du reggae. Il reprend les mêmes rythmes et mélodies, mais utilise des effets de chambre d’écho et des truquages électroniques. Exemple : Son adolescent n’écoute que du dub.
Ouais alors toi, t’as tout copié sur ton petit copain en rajoutant des mots, tu seras privé de récré. Et son ado, il écoute ce qui lui plaît, fous lui la paix et estime toi heureux, il pourrait écouter Jul en méditant sur la profondeur de ses textes et en t’expliquant à quel point c’est un artiste subversif !
Le Robert :
PAYANT ? Payer pour un service de qualité ?
Et puis quoi encore, on est en 2017 coco !
Le dictionnaire.com :
Pas de définition. Quoi ? t’as peur ? Pas très concluant ce premier tour d’horizon, et étonnant même qu’un terme qui à environ 40ans d’existence n’ait toujours pas sa place dans le dico.
Disons 3-0 pour le « LE » (et je suis bon joueur). Juste par curiosité je vais aller voir du côté des traducteurs anglais/français.
Reverso :
Je vous la fait courte, Reverso ne définit à aucun moment Dub comme un nom mais comme un verbe transitif : « To dub something ».
Dois-je comprendre que même pour une plateforme anglophile, Dub n’est pas définit ? Ça ne m’arrange pas tout ça…
Larousse Traduction :
Mince alors, même combat. Verbe transitif et aucune définition qui parle d’écho et de trucages.
Dirigeons nous vers des dictionnaires anglophones histoire de creuser encore un peu plus loin.
Fine Dictionnary :
Saperlipopette, je tombe nez à nez avec une ribambelle de définitions du mot Dub, tirées de plein de dictionnaires anglais différents, noms ou verbes. Ça y est je vais enfin être fixé … Génial ça veut aussi dire adouber, et ça veut dire flaque aussi et … Pas de dub en temps que genre musical.
Oh stupeur ! Là non plus pas de définition. Tant pis. Mais qu’est ce que je pensais trouver ? J’avais évidement omis que l’anglais, de par sa conception, ne prend pas en compte le genre. Oui, mais si l’anglais n’as pas de genre, Dub n’a pas de genre ? Mais alors je fait comment pour placer Dub dans une phrase en français ? Les sites et communautés Dub présentes sur internet utilisent toutes LE, ça devient angoissant… Une seule solution ! Se tourner vers la seule autorité à même de décider du genre d’un mot dans la langue de Molière, je veut bien entendu parler de L’Académie Française !

Voici le tournant de cette recherche, le mot n’est pas référencé dans la base de donnée de l’académie française. Cela dit je vois assez mal un académicien balancer une galette dub lors d’une de leur réunion et dire « très cher confrères, féminin ou masculin ? », mais je divague. Après ces recherches, force est de constater que Dub n’est donc pas un mot appartenant au vaste univers de la sacro-sainte langue française.
IIV – « LA » ?
Je suis tiraillé, je ne peux pas laisser notre bon vieux Dub dans cet état. J’en suis au stade de ma recherche où je constate avec effroi que Dub n’a pas de genre. J’aimerais dire « LE » et rentrer dans le troupeau des chiens de garde, qui disent « c’est pas LA c’est LE » au type qui participe à sa première soirée Dub et qui déclare, avec un enthousiasme exacerbé par la basse : « J’adore la dub ! ». La tentation est grande mais comme j’aime bien la philo (masturbation intellectuelle), je préfère poursuivre mon raisonnement. Le dub c’est tout un tas de chose : la fraternité me viendrait en premier, la transmission de la Dub culture, la danse aussi mais je crois qu’il y a aussi la dissidence, vrai ? N’entend-t-on pas à longueur de morceaux des messages comme « Burn Down Babylon » ou « Free Your Mind » ? Je me positionne donc en « Dub-dissident ». Qui a décidé et imposé que ce serait LE dub ? Suis-je le seul à préférer le voir avec le genre féminin ? Cette Dub qui m’enveloppe par ses basses, et qui, à peine je ferme les yeux, me transporte bien loin de ma condition, celle-la même qui, par ses échos et « trucages » ouvre mon esprit et me catapulte dans un état de trance méditative ; plutôt que ce dub qui perce mes tympans, ce steppa qui par sa violence me ramène presque au stade animal, à m’agripper au stack afin de pouvoir secouer ma tête encore plus fort. À ce stade on pourrait presque dire que le genre de Dub dépend du morceau en train de tourner sur le sound system. Bien sur on peut ramener ça à tous les genres musicaux récents (et oui je pense directement à toi « dubstep ») mais pourquoi pas ? Remettre en question l’ordre établi c’est exister idéologiquement.
V – Dub Conclusion
La conclusion à cette tribulation verbale futile au sein de la langue française ne fera pas avancer le schmilblick, certes, mais elle est la pour titiller les partisans du LE dans leurs certitudes et soutenir les partisans du LA, rebelles devant la pression sociale. Ici pas de gagnants ni de perdants, on aime tous ce style et c’est sans doute pour ça que vous êtes là, devant votre écran à lire cet article fumeux sur un sujet sans importance. Plus généralement, ne laissez personne vous dicter ce que vous devez dire, faire, penser, consommer. Soyez dissidents et pensez à remettre systématiquement en cause les choses qui vous paraissent illégitimes. Dub c’est bien plus qu’un « genre musical » ou un style de « reggae ». Alors la prochaine fois que vous parlerez dub, ce sera LE ou LA ?
BONUS : LE OU LA MDMA ?
Méthylènedioxy-méthamphétamine : c’est le nom complet. Et c’est une
amphétamine, donc c’est féminin. Ne vous droguez pas, ça fait des trous dans la tête.
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